jeudi 10 octobre 2013

Un peu de levain fait lever toute la pâte


La raison pour corriger


 
      C’est bien à tort que vous vous glorifiez. Ne savez-vous pas qu’un peu de levain fait lever toute la pâte ? Faites disparaître le vieux levain, afin que vous soyez une pâte nouvelle, puisque vous êtes sans levain, car Christ, notre Pâque, a été immolé. Célébrons donc la fête, non avec du vieux levain, non avec un levain de malice et de méchanceté, mais avec les pains sans levain de la pureté et de la vérité. (1 Corinthiens 5:6-8)

La correction doit parfois être sévère parce que ne pas corriger entraîne des conséquences encore plus terribles. La malignité spirituelle du péché fait qu’il ne reste pas longtemps seul. S’il n’est pas extirpé, il se répand jusqu’à ce qu’il contamine toute la communauté des croyants.
Les Corinthiens ne peuvent pas regarder la vérité en face, bien qu’elle leur ait été enseignée depuis longtemps. Leur orgueil les rend oublieux et négligents, et Paul leur dit : C’est bien à tort que vous vous glorifiez. Ce qu’il dit, en fait, c’est  : « Regardez où vous ont conduits votre arrogance et votre tendance à vous enorgueillir. C’est parce que vous êtes encore attachés à la sagesse humaine, à la renommée et aux choses du monde, que vous êtes complètement aveugles au péché flagrant qui va détruire votre Église si vous ne l’extirpez pas. » Ne savez-vous pas qu’un peu de levain fait lever toute la pâte ? Dans le langage d’aujourd’hui, c’est comme s’il leur dit : « Il suffit d’une pomme pourrie pour gâter tout le tas ».
Dieu évalue la santé spirituelle selon les normes de sa justice. On peut avoir beaucoup de dons, de bénédictions, de succès et de respect, et avoir aussi beaucoup de péchés. C’est le cas de l’Église de Corinthe. Les croyants qui la composent ont été instruits par Paul, Apollos et Pierre. Ils ont « été comblés de toutes les richesses qui concernent la parole et la connaissance, le témoignage de Christ ayant été solidement établi parmi [eux], de sorte qu’il ne [leur] manque aucun don » (1:5-7). Pourtant, ils sont orgueilleux, arrogants, vantards et immoraux - et même, ils tolèrent certains péchés, dont un que condamnent même les païens.
Les scribes et les pharisiens du temps de Jésus étaient, eux aussi, satisfaits d’eux-mêmes. Ils aimaient « la première place dans les festins » ; ils aimaient « à être salués dans les places publiques, et à être appelés par les hommes Rabbi, Rabbi » (Mt 23:6, 7). Ils pensaient qu’ils méritaient un tel honneur, mais Jésus a prononcé contre eux toute une série de malédictions, dans lesquelles il a mis le doigt sur péché après péché dont ils étaient coupables. Il les a qualifiés d’aveugles et d’hypocrites. Leur orgueil démesuré les aveuglait complètement aux principes spirituels les plus évidents, et leur arrogance les faisait vivre une vie de constants faux-semblants. Jésus leur a dit : « Serpents, race de vipères ! comment échapperez-vous au châtiment de la géhenne ? » (Mt 23:13-33.) Pourtant, un tel orgueil est moins offensant de la part des hypocrites spirituels auxquels Jésus s’est adressé qu’il ne l’est au sein de l’assemblée des croyants.
Une grande assemblée, une école du dimanche impressionnante, de la cure d’âme, un témoignage et un programme de visites actifs, de même que toutes sortes d’autres bons programmes, ne protègent ni ne justifient une Église qui ne veille pas sur sa pureté. Lorsqu’on permet, volontairement ou même par négligence, au péché de demeurer dans l’Église sans opposition ni correction, une plus grande Église risque simplement une plus grande contamination.
Anciennement, avant de cuire le pain, on mettait de côté une petite parcelle de pâte levée. On laissait ce peu de levain, remplacé aujourd’hui par la levure, fermenter dans de l’eau et, la prochaine fois qu’on faisait du pain, on l’incorporait à la pâte pour que celle-ci lève à son tour.
Dans l’illustration de Paul, comme dans toute l’Écriture, le levain représente une influence. Il s’agit généralement d’une mauvaise influence, quoique dans Matthieu 13:33 il soit question de la bonne influence du royaume de Dieu. Ici, cependant, il est question d’une mauvaise influence. Toute la pâte, c’est l’Église locale tout entière. Si on lui en laisse la possibilité, le péché peut pénétrer toute une Église comme le levain pénètre toute la pâte. Il est de la nature même du péché de fermenter, de s’étendre et de corrompre.
Pour les Juifs, le levain a historiquement représenté quelque chose de mauvais conservé du passé. Lorsque Dieu préparait Israël à sortir d’Égypte, il lui a donné l’ordre d’asperger les poteaux et le linteau de ses portes avec le sang de l’agneau pascal, afin que, lors de la dernière plaie, l’ange de la mort passe sans détruire les premiers-nés qui étaient dans la maison (Ex 12:23). Et lorsqu’ils préparèrent leur pain pour la sortie d’Égypte, Dieu ne permit pas aux Israélites d’y ajouter du levain. D’abord, ils n’avaient pas le temps d’incorporer le levain et de laisser lever la pâte, « car ils avaient été chassés d’Égypte sans pouvoir tarder » (Ex 12:39). Ensuite, le pain représentait la vie elle-même, et la Pâque et l’exode représentaient la délivrance de l’ancienne vie (en Égypte) et l’entrée dans la vie nouvelle (dans la Terre Promise). Le levain représentait l’ancienne vie - les façons de faire de l’Égypte, les voies du monde - qu’ils devaient complètement abandonner. En conséquence, le Seigneur a ordonné que durant leur sortie d’Égypte et durant les célébrations subséquentes de la Pâque on ne voie en Israël point de pain levé (Ex 13:3, 7). Il fallait avant la fête faire disparaître toute trace de levain.
Les chrétiens aussi doivent se séparer de leur ancienne vie. Eux non plus ne doivent rien en conserver dans leur vie nouvelle. Faites disparaître le vieux levain, afin que vous soyez une pâte nouvelle, puisque vous êtes sans levain, car Christ, notre Pâque, a été immolé. Faites disparaître rend bien le terme grec composé ekkathairô qui exprime un nettoyage complet. Comme le préfigurait la Pâque instituée en Égypte, le sacrifice de Jésus-Christ, l’Agneau Pascal parfait de Dieu, et l’aspersion de son sang sur nous, nous sépare complètement de la domination du péché et du châtiment imposé par le jugement. Nous aussi nous devons faire disparaître l’ancienne vie qui corromprait et pénétrerait la nouvelle. Comme Israël a été libéré d’Égypte à cause de la Pâque et s’est séparé complètement de son oppresseur, le croyant doit se séparer totalement de son ancienne vie, et de ses attitudes, ses normes et ses habitudes pécheresses. Christ est mort pour nous libérer de l’esclavage du péché et nous rendre esclaves de la justice (Ro 6:19), ce qui est la seule véritable liberté.
David Brainerd, qui a passé sa courte vie adulte comme missionnaire chez les Amérindiens, a écrit dans son journal :
Je ne me suis jamais éloigné de Jésus, et de Jésus crucifié, et j’ai découvert que lorsque mes auditeurs étaient saisis par cette grande doctrine évangélique de Christ, et de Christ crucifié, je n’avais aucun besoin de les instruire en matière de moralité. J’ai trouvé que la deuxième suivait comme le fruit inévitable de la première  …  J’ai trouvé que les Indiens commençaient à revêtir la sainteté et que leur vie ordinaire se sanctifiait, même dans les plus petits détails lorsqu’ils étaient possédés par la doctrine de Christ, et de Christ crucifié.
Une des plus grandes protections que nous, chrétiens, ayons contre le péché est le fait de garder les yeux sur le Seigneur et sur le sacrifice qu’il a fait pour nous. Comprendre que lorsque sa mort pour le péché nous est appliquée elle nous appelle à abandonner le péché et à nous séparer clairement de nos anciennes habitudes, c’est comprendre l’œuvre de sanctification de la croix (voir Tit 2:11-14). Il est impossible d’être occupé à la fois avec cette vérité et avec le péché.
 
La conclusion de l’argument de Paul est que nous devons continuer à [célébrer] la fête, non avec du vieux levain, non avec un levain de malice et de méchanceté, mais avec les pains sans levain de la pureté et de la vérité. La Pâque de l’Ancien Testament ne se célébrait qu’une fois par année, comme rappel de la délivrance d’Égypte. La célébration chrétienne devrait être permanente. Chacune de nos pensées, chacun de nos plans, chacune de nos intentions devraient être sous le contrôle de Christ. Les parfaits pains sans levain qu’il veut que nous consommions sont ceux de la pureté et de la vérité. La pureté est une attitude d’honnêteté et d’intégrité totales dont découle la vérité. Ces deux termes nous ramènent à la pureté de la vie purifiée en Jésus-Christ - dans laquelle il n’y a pas de place pour le levain de malice et de méchanceté, c’est-à-dire l’impureté. La malice, c’est une disposition ou une nature mauvaise. La méchanceté, c’est la manifestation de cette mauvaise disposition. Nous sommes appelés à célébrer notre Pâque en Christ, non pas par une fête annuelle, mais par une vie constante d’attachement à la pureté et d’abandon du péché.
  
La correction de l’Église favorise cette célébration en nous débarrassant des impuretés qui la contaminent et la corrompent. Elle préserve le Corps de Christ de la pénétration du mal.


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